Mardi 14 mars, de 18h à 19h15 :
Nunzio La Fauci
Roman Jakobson et la sémiotique
« J’ai rencontré dans ma vie quelques grands hommes. Mais, si je devais désigner celui d’entre eux auquel l’épithète s’applique de la façon la plus indiscutable, ce serait, sans hésiter, Roman Jakobson ». C’est le début de la déclaration que Claude Lévi-Strauss a écrit un an après la mort du grand philologue russe. La déclaration fut publiée dans A Tribute to Roman Jakobson, un volume d’hommage à la mémoire de Jakobson : parmi les contributeurs, Noam Chomsky, Morris Halle, Isaiah Berlin, Dell Hymes, Calvert.
Personne ne pourrait se dire en désaccord avec Lévi-Strauss et le séminaire jette un rapide coup d’œil sur le parcours humain et intellectuel d’une personnalité extraordinaire, qui a laissé des traces de son passage et de sa génialité dans plusieurs disciplines, bien au-delà des sciences dites humaines. « Linguista sum, linguistici nihil a me alienum puto », Jakobson avait ainsi décrit son attitude et son engagement scientifique et, dirait-on, moral.
Assis sur les épaules d’un géant, le conférencier se demande toutefois si, au-delà des justes célébrations, il n’y a pas quelque chose à dire et à considérer de manière critique au sujet des démarches que Jakobson, linguiste par antonomase, comme il le proclamait de lui- même, a faites pour amener linguistique et sémiologie dans l’état où elles se sont trouvées à sa mort.
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Ouvrage recommandé : Lo sviluppo della semiotica e altri saggi. Roman Jakobson, Bompiani, 2022. Préface de Umberto Eco, postface de Nunzio La Fauci.
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Bio-bibliographie. — Nunzio La Fauci est sicilien et a fait ses études de lettres classiques et linguistique à Palerme et de linguistique à Pise dans les années soixante-dix. Il est ensuite parti faire de la recherche
en France, au Laboratoire d’Automatique Documentaire et Linguistique du CNRS et de l’Université Paris 7, à Jussieu. Dans la première moitié des années quatre-vingts, il a été « Ricercatore » à l’Université de Palerme.
Devenu professeur, il a enseigné en Italie, à l’Université de la Calabre, pendant une très courte période, et à l’Université de Palerme, pendant une dizaine d’années. Puis, pendant vingt ans, il a été professeur en Suisse, à Zurich. De l’université de cette ville, il est maintenant professeur émérite. De retour en Sicile, cédant au vice absurde contracté dans sa jeunesse d’être inondé par la lumière et, par conséquent, d’être déchargé de la lourde tâche de la chercher, il enseigne la linguistique à Palerme depuis cinq ans, mais il est désormais proche d’une seconde retraite. Ce semestre est son dernier semestre d’enseignement.
Ses champs de recherche concernent la morphosyntaxe diachronique du latin et des langues romanes, la syntaxe théorique et descriptive, l’histoire des idées linguistiques, la langue littéraire. Il est l’auteur d’un certain nombre de publications scientifiques. Parmi ses ouvrages, Costruzioni con verbo operatore in testi italiani antichi. Esplorazioni sintattiche (1979), Oggetti e soggetti nella formazione della morfosintassi romanza (1988), Lucia, Marcovaldo e altri soggetti pericolosi (2000, en collaboration avec I. M. Mirto), Fare. Elementi di sintassi (2003), Compendio di sintassi italiana (2009), Relazioni e differenze. Questioni di linguistica razionale (2010, en collaboration avec Carol G. Rosen), Ragionare di grammatica. Un avviamento amichevole (2017), Cinema e parole (2022) et, en avril prochain en librairie, Fare nomi.
Il aime écrire des aphorismes et éditer un blog sous le nom d’Apollonio Discolo :