Mardi 11 janvier 2022, 18h-19h15 :
Anne-Marie Chabrolle-Cerretini
Professeure, Université de Lorraine
Wilhelm von Humboldt : hier, mais surtout aujourd’hui
Dans le cadre de ce séminaire qui propose une relecture de textes d’auteurs fondamentaux pour réfléchir à une reconstruction des sciences de la culture, W. von Humboldt sera abordé selon deux angles. Le premier, celui de la posture et du cheminement de la pensée, à bien des titres éloignés des postmodernistes. Le second, celui de la dimension systémique de sa linguistique qui en fait une proposition aux exigences d’aujourd’hui.
Documents de support :
Extraits à propos du projet anthropologique de Wilhelm von Humboldt.
La recherche du caractère national.
Les textes qui réfèrent directement à ce sujet sont écrits entre 1796 et 1798.
Le dix-huitième siècle, Plan d’une anthropologie comparée. Idées sur les constitutions, Essai sur les limites de l’État
Les lois de la croissance des forces humaines.
1)« Le caractère de classes d’hommes dans leur totalité, mais elle s’attache tout particulièrement au caractère des nations et des époques. »
Plan d’une anthropologie comparée, traduit par C. Losfeld, 1995, p. 170 (GS I, p. 384).
2)[…]les mouvements de l’âme humaine, c’est-à-dire ses pensées, ses sensations, ses penchants et ses
décisions, la façon dont ils se produisent, leur succession et les liaisons qu’ils font surgir, voilà en quoi consiste un caractère. Un caractère est le mouvement et le rapport de ses forces perçues en même temps et comme une totalité.
Le dix-huitième siècle, traduit par C. Losfeld, 1995, p. 107 (GS II, p. 69).
3)« Le terme «caractère» est, dans son acception courante, rapporté presque exclusivement aux mœurs et aux dispositions d’esprit d’un homme, et on le considère comme un critère pour juger de sa moralité. si on l’étend à la nature de l’esprit et du goût, on lui adjoint généralement les épithètes «intellectuel» et
«esthétique». Dans une autre acception, on emploie le mot «caractère» pour désigner une persévérance remarquable dans la manière de penser ou d’agir. « Avoir du caractère » signifie alors : demeurer fidèle à son caractère. en ce sens, peu nombreux sont ceux à qui l’on reconnaît un caractère. Néanmoins, aucune de ces deux significations ne convient à une théorie philosophique de la connaissance de l’homme, dont nous traçons ici les lignes fondatrices. Cette théorie comprend, en effet, sous le nom de caractère,
l’ensemble de toutes les propriétés qui, certes, distinguent l’homme en tant qu’être physique, intellectuel ou moral, mais surtout distinguent les hommes entre eux. On ne peut penser l’homme sans penser en même temps tous les traits qui lui appartiennent, et ces traits sont épars dans la nature tout entière.
On ne peut donc déclarer qu’un sujet est tout à fait dénué de caractère, ou se limiter à une seule de ses propriétés. »
Le dix-huitième siècle, traduit par C. Losfeld, 1995, p. 91 (GS II, p. 55).
4)Lettre du 2 février 1796 adressée à Schiller:
« Il faudrait dégager de l’histoire un tableau qui mettrait en lumière les résultats auxquels le genre humain est parvenu par le travail de tous les siècles et de toutes les nations. On obtiendrait ainsi une image qui devrait être à deux dimensions et qui exposerait d’un côté à quel degré intensif de force et de grandeur l’esprit et le
caractère de l’homme se sont peu à peu élevés et d’un autre côté la multiplicité extensive des activités que l’humanité a déployées tant sur le plan des sciences que sur celui de la littérature, des mœurs, de la civilisation, des systèmes de gouvernement, du commerce et des techniques. Cela permettrait d’abstraire de
l’évolution historique quelques lois, par l’application desquelles on pourrait dans une certaine mesure éliminer le hasard et créer pour tous les hommes des possibilités de bonheur et de culture.» Cité par R. Leroux, L’anthropologie comparée de Guillaume de Humboldt, 1958,p.13.
5) lettre du 22 octobre 1796 à Friedrich August Wolf :
«[…]confronter les différences d’organisation spirituelle des différentes classes d’hommes et d’individus»,
Essai sur les langues du Nouveau Continent.1812. Seul texte écrit en français. [Aller à la page 300].